Présentation du support

Avant l’arrivée du DVD, du défunt HD-DVD ou du Blu-Ray Disc, il existait le tout premier support optique, inventé dans les années 70 : le Laserdisc. Le Laserdisc se présente sous la forme d’un grand disque de 30cm de couleur argentée. Au début la couleur était dorée, mais pour une meilleure réfraction du faisceau laser, celle-ci sera abandonnée pour la couleur argent. Il faut remonter au milieu des années 60 (1965 pour être exact) chez Phillips et Thomson CSF : l’un des inventeurs du LD est français ! C’est en 1972 que sortira le premier lecteur de disques optiques conçu par Philips et MCA et qui se nomme : Laservision. Il faudra attendre 6 ans plus tard, pour que le premier lecteur grand public soit commercialisé en 1978 (en même temps que le magnétoscope pratiquement). Techniquement ce Laservision n’est pas tellement révolutionnaire : une image analogique, et deux pistes sons analogiques elles aussi. La piste son de droite à d’ailleurs des problèmes, et la qualité est inférieure à la piste HiFi des VHS. Les titres qui sortent sous ce format ne sont pas de qualité extraordinaire, et le succès n’est pas au rendez-vous. Dans les années 80, pour tenter de le relancer, le support change de nom pour devenir le Compact Disc Video (CDV) mais cela ne change pas grand-chose. Il débarquera pourtant en Europe en 1984 et va végéter pendant encore une dizaine d’années environ. Car le gros défaut du support, c’est que contrairement au magnétoscope : on ne peut pas enregistrer.

Il faut attendre le début des années 90. Pioneer s’intéresse alors au support et s’implique dedans pour l’améliorer. Aux pistes sons analogiques d’origines. Pioneer rajoute deux pistes son numériques de la qualité du CD Audio : PCM 16 bits à 44.1Khz, en 1985 ! Ils changent à nouveau le nom du support et créent un logo ainsi que des spécificités techniques, avec un cahier des charges, qui formeront un nouveau support. Le LaserDisc (ou LD) est né (début des années 90) !

presentation_ld_01presentation_ld_02

Pioneer apporte ainsi son savoir-faire, et le procédé de pressage s’améliore, les titres édités par Pioneer sont d’ailleurs majoritairement les meilleurs en terme de qualité d’image et de son (pas de drops et une excellente dynamique sonore). Le succès arrive alors, et les autres acteurs du marché de l’électronique emboîteront le pas à Pioneer et s’engouffreront eux-aussi dans la production de lecteurs de LDs, tels que SHARP, SONY, DENON ou encore PHILLIPS (souvenez-vous, pour ces derniers, de leur publicité : « à la perfection du son, Phillips ajoute celle de l’image !« ). Mais c’est bel et bien Pioneer qui sera réellement le pilier du support LaserDisc. En effet, au bout de quelques années, le marché peu rentable découragera les autres constructeurs et seul Pioneer supportera à bout de bras le LaserDisc, d’autant qu’enfin la qualité de l’image dépasse celle de la VHS. Le Japon fera un véritable accueil à ce nouveau support et sera le fer de lance du LD avec un carton en conséquence. Plusieurs millions de lecteurs trouvent preneur, et le reste du monde commence à suivre : les USA avec eux aussi plusieurs millions de lecteurs vendus, et l’Europe avec un peu plus de 500 000 lecteurs vendus en France uniquement dans ses dernières années de vie avant d’être remplacé par le DVD. Il faut dire que si le LD ne s’est jamais vraiment imposé en France, c’est parce que notre pays n’est pas habitué à vendre la haute technologie à des prix raisonnables et le LaserDisc à son arrivée était très cher : près de 10 000FF pour les lecteurs, et 400FF pour un LD en moyenne. S’ajoute à cela également une contrainte technique : notre pays qui a la fâcheuse habitude de ne rien faire comme les autres, a opté pour le standard vidéo SECAM pour les téléviseurs, alors que nos voisins ont choisi le PAL. Tandis que le Japon et les USA sont en NTSC. Or un lecteur de LaserDisc ne sait faire que du PAL et du NTSC. Un téléviseur multistandard (et donc cher lui aussi !) était nécessaire.

Principes du LaserDisc :
Le Laserdisc, ce sont deux minces feuilles d’aluminium simple-face recouvertes d’une couche réfléchissante métallisée, qui sont ensuite plaquées sur deux disques en plexiglas transparents. Ce qui nous donne, deux disques, tels deux CD, qui à leur tour seront collés ensemble par une couche adhésive. Le LD est ainsi double-face. C’est d’ailleurs cette colle qui peut provoquer du « Rot » sur un LD. En effet, certains titres (surtout au début !) ont utilisé une colle de qualité inférieure pour faire adhérer les deux disques de plexiglas ensemble, ce qui fait que cette colle au fil des années s’est détériorée et l’air pouvant passer, oxydait ainsi la feuille d’aluminium. Les symptômes sont des tâches sombres sur le LD, mais pas seulement, il y a aussi apparition de tâches de couleur dans l’image, pendant la lecture du film. Les tout premiers disques « DiscoVision » ont beaucoup souffert de ce problème, et de nombreux disques ont cessé de fonctionner vers la fin des années 70 depuis leur pressage. SONY et son usine DADC aux USA, étaient aussi connus pour produire des LDs plus sensibles au Rot, plus particulièrement vers la fin du LD.
Les lecteurs de LD utilisent un laser rouge, les premiers lecteurs étaient à base d’un laser Hélium-Néon, qui sera vite remplacé par un laser à semi-conducteur à infrarouge.
Le Laserdisc est surtout connu pour son format 30cm, pourtant d’autres tailles étaient disponibles : 20cm, et 12cm (même taille que le CD Audio ou le DVD pour ce dernier). Mais devant le peu de vidéo que l’on pouvait mettre dessus, ils étaient très peu utilisés :

presentation_ld_03

Ces petits LDs type 12cm étaient nommés CD VIDEO. A ne pas confondre avec un VIDEO-CD (ou VCD) qui est le format de Phillips contenant une image numérique compressée (du MPEG1) et que tous les lecteurs DVD peuvent lire. Un LaserDisc contient une image stockée en vidéo composite, et gravée en analogique sur un disque en plexiglas. C’est un peu le principe du CD Audio, d’ailleurs le LD comme le CD est lu de l’intérieur du disque vers l’extérieur avec une gravure en spirale. Ces CD VIDEO ne sont donc lisibles que sur un lecteur de LD. La définition de l’image est supérieure à celle de la TV SD et de la VHS (200 points/ligne pour celle-ci), mais inférieure à celle du DVD. Deux types de gravure existent :

  • Le CLV permet d’avoir 64 minutes de vidéo par face d’un LD de 30cm. Malheureusement, cette gravure est privée de l’arrêt sur image, du ralenti, de l’avance image par image et un lecteur à mémoire de trame (style Pioneer CLD-D925) est nécessaire.
  • Le CAV, lui, ne peut contenir que 30 minutes de vidéo par face sur un LD de 30cm. La qualité de l’image est meilleure, et permet d’avoir un arrêt sur image parfait, l’avance image par image et le ralenti. Cela est dû au fait qu’une image entière, occupe exactement un tour de disque. Comment différencier un disque en CLV d’un disque en CAV ? Le disque en CLV sur votre lecteur affichera au compteur un temps en heures, minutes et secondes, alors que le disque en CAV affichera le nombre d’images qui défilent et tournera très vite.

Les Formats cinéma étaient respectés grâce aux éditions « LetterBox », le plus souvent en 1.85 ou en 2.35. Malheureusement, les éditions françaises, étaient majoritairement avec un format recadré. Tout comme aux US où le format PAN & SCAN a fait des ravages !

Capacités Sonores du LaserDisc :
Tout comme les autres supports qui le suivront, le Laserdisc a évolué au fil de la technologie sur les formats sonores. Outre la stéréo de très bonne qualité grâce aux pistes numériques, le LD peut restituer du Dolby Surround, du THX, du Dolby Digital (ou AC3) et du DTS 5.1 uniquement sur les Laserdiscs NTSC pour les deux derniers. A noter que l’encodage particulier du Dolby Digital AC3 nécessitait pour les amplis non pourvu de prise AC3, un démodulateur permettant de récupérer le signal. Le signal DTS lui, est délivré grâce à la sortie numérique optique des lecteurs. Néanmoins, pour le DTS : sans décodeur, il est possible de lire le signal en Dolby ProLogic.
Il existait un réducteur de bruit nommé « CX Noise Reduction » qui servait à réduire le souffle des pistes analogiques. Les lecteurs détectent automatiquement ce système, mais il fut très peu utilisé : pratiquement pas sur les LDs PAL, c’était surtout sur les LDs Japonais et américains. Sur les LDs Japonais, certains titres marqués « Multi Audio » permettaient de diffuser uniquement la musique ou les paroles.
Si le LaserDisc a eu droit à des doubles éditions de titres en Français doublé, et en version originale sous-titrée Français, il existe aussi des éditions multilangue : notamment sur les LaserDiscs Japonais : vous aviez une voie en Japonais et une voie en anglais par exemple, le DVD n’a rien inventé. Enfin, le mixage sonore réalisé sur les Laserdisc, du fait qu’il est moins compressé, procure une dynamique exceptionnelle. A ce jour aucun DVD ne surclasse le Laserdisc en qualité sonore ! On croit rêver…

Les Lecteurs de LaserDisc :
Si la marque Pioneer constituait la majorité de l’offre et la plus grande variété de lecteurs, d’autres marques ont sorti elles aussi des appareils non dépourvu d’intérêt. Pour profiter de l’immense catalogue NTSC, il vous faudra un lecteur bi-standard PAL/NTSC. Ensuite, la majorité des titres étant sur deux disques, nous vous conseillons d’avoir un lecteur auto-reverse. Pioneer avait en effet mis au point un système qui enchaînait la lecture des deux faces. Quelques secondes étaient nécessaires pour que la tête de lecture se retourne. Le seul problème de Pioneer (enfin des marques japonaises en général) c’est qu’ils n’aimaient pas le RVB : raison principale, les lecteurs étaient fabriqués au Japon, et la connectique RVB est Européenne (la prise Péritel étant une invention française !). Aucun lecteur Pioneer ne possède donc ce type de connexion (ceux vendus en France en tous les cas). Par contre le S-Vidéo est roi (et non S-VHS qui est un terme réservé à la cassette vidéo) et vous aurez une image optimale via cette prise (du moins sur une tv cathodique, sur un écran LCD, ceci est plus compliqué). Celle-ci est supérieure à une connectique de type Cinch, car le S-Vidéo sépare la luminance et la Chromatique (Y/C) auquel Pioneer a ajouté un filtre pour améliorer encore le résultat. Malheureusement, seuls les lecteurs haut de gamme possèdent cette sortie. Phillips et SONY ont par contre équipé certains de leurs lecteurs en sortie RVB. Même si on n’atteint pas la qualité d’un lecteur CLD 2950, on avait tout de même un excellent rendu, le RVB étant supérieur au Y/C.
Le must à l’époque étaient les lecteurs combi : les Pioneer DVL-909 et DVL-919E, outre le fait d’avoir une excellente platine de LaserDisc (la mécanique du CLD 925)  possédaient également un lecteur de DVD. Malheureusement aujourd’hui, ils sont un peu obsolètes, notamment à cause des DVDs double couche. Un seul lecteur pour tout lire, le rêve à ce moment là. Ce n’est plus le cas avec la HD désormais…

presentation_ld_04

Le LaserDisc et les TV HD :
Venons-en maintenant à un sujet qui intéressera beaucoup de monde : que donne le branchement d’un lecteur de Laserdisc sur un écran LCD (ou plasma) HD ? Disons-le tout net, une image qui pique les yeux dans la majorité des cas! Cependant j’y rajouterai un « mais » ! Plus que le fait que votre tv soit Full HD, ou HD Ready, c’est surtout la taille qui va déterminer le résultat final. En effet, à taille égale, que le téléviseur soit en full HD ou en HD Ready, vous ne percevrez aucune différence (même si logiquement le full HD devrait avoir un meilleur résultat, puisque c’est bien connu comme pour le principe des scanners : dans l’interpolation, plus il y a de points, mieux c’est !). Par contre, le LD donnera une excellente image sur les tv LCD jusqu’à 94cm : au-delà cela risque de se gâter ! Enfin, disons, qu’ensuite beaucoup de choses entrent en ligne de compte : les puces et autres filtres de traitement de l’image de votre téléviseur, la connexion utilisée, la qualité du câble de connexion (sans le plaqué or point de salut), le lecteur, la dalle de votre tv. Bref, nous ne pouvons pas ici vous faire un cours d’électronique, mais sachez par exemple que les téléviseurs LCD SHARP de 82cm délivrent une très belle image avec le LD, très fluide, contrairement au DVD. Sur un rétro-projecteur ce sera une autre paire de manches… Si par contre vous avez encore un téléviseur cathodique, pas de problème. Pourtant des lecteurs de Laserdisc Haute-Définition ont existé au Japon (donc uniquement NTSC et en 110V), sortis sous le sigle Hi-Vision/Muse, ces lecteurs avaient une définition de sortie de 1080i ! Il fallait en plus du lecteur, un décodeur Hi-Vision/Muse pour lire les LDs sortis dans ce format. Très chers à trouver en France, nous vous les déconseillons du fait de leurs tarifs, mieux vaut se tourner vers la vraie HD, c’est à dire le Bluray : même pour ce dernier, ça vous reviendra moins cher.

presentation_ld_05

La situation du LaserDisc aujourd’hui :
Le Laserdisc s’est arrêté lorsque le DVD a atteint sa maturité et pris son essor, il y a de cela près de 15 ans. On peut donc le dire, le LD est mort, plus aucun titre n’est édité depuis plus de 15 ans, et Pioneer a évidemment depuis, arrêté la production des lecteurs, et donc avec, les pièces détachées ! Les derniers titres français sortis en PAL furent édités en 1999, début 2000. Voici les titres : The Wishmaster, Pluie d’Enfer en mars 1999; Kundun en avril 1999; U2 The Best Of en avril 1999; Sexcrime en mai 1999; L’Arme Fatale 4 en mai 1999; La Vie est Belle en septembre 1999; Astérix et Obélix contre César en novembre 1999; 1001 Pattes en novembre 1999 et Ennemi d’Etat en Janvier 2000. De plus en plus de gens ne connaissent plus ou pas le LaserDisc. Mais ceci est une autre histoire…

Donc comme dans tous les supports morts, il y a d’excellentes affaires à réaliser ! Vous avez accès à du matériel haut de gamme, performant, solide, pour presque rien (enfin si vous évitez eBay …). C’est la même chose pour le support : vous trouverez des milliers de films pour 1 à 2€ pièce pour les titres en PAL VF, 5 à 10€ pour les titres NTSC Japonais ou US (seulement, le DVD se négocie désormais à ces tarifs également voir moins cher ! Et même avec un lecteur DVD bas de gamme, vous aurez une meilleure image qu’avec un LD). Les Coffrets Japonais en Laserdiscs au niveau du packaging écrasent littéralement les éditions DVDs ou Blu-Ray, (en ce qui concerne le prix de vente de ce dernier , on se demande si ce n’est pas indécent) ! Même si le DVD a fait d’énormes progrès en matière de coffrets collectors. Mais il y a pire, certains bonus, certains titres sortis en Laserdisc en version non censurée ne se retrouvent pas dans les éditions DVD. Il y a même des titres existants en Laserdisc qui n’existent pas en DVD. Bref, c’est un excellent support à découvrir ou à redécouvrir : ne passez pas à côté du Laserdisc, vous pourriez le regretter. D’autant qu’il y a ses grandes jaquettes si classes, façon vinyls !